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Un autre regard sur les risques liés à la LPMA

Les bébés-éprouvettes sont de plus en plus nom­breux. En Suisse, 2-5 % des nouveau-nés sont conçus in-vitro. A priori, nous sommes tous subju­gués par les avan­cées tech­niques et médi­cales. Il est aujourd’hui pos­sible de mener des tests chro­mo­so­miques pour s’assurer que les embryons implan­tés ne pré­sentent pas de défaut. Ce qui était impen­sable hier est aujourd’hui acces­sible à tous. Mais demain, qu’en sera-t-il? Quelles sont les ques­tions à se poser, les limites à pla­cer?

Risques car­dio­vas­cu­laires

Le Pro­fes­seur de car­dio­lo­gie Urs Scher­rer a mené avec une équipe des hôpi­taux uni­ver­si­taires de Berne et Lau­sanne une étude sur les risques des mala­dies car­dio­vas­cu­laires des enfants issus de la pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée (PMA). Parus dans le « Euro­pean Heart Jour­nal », les résul­tats sont alar­mants. Ils mettent en lumière des risques rare­ment men­tion­nés : hyper­ten­sion arté­rielle et pul­mo­naire, résis­tance insu­line ou encore dys­fonc­tion­ne­ment car­diaques pour le bébé, et pré-éclampsie pour la maman. A titre d’exemple, lors d’un sprint de 400 mètres, les enfants fécon­dés in vitro seront 30% moins per­for­mants que les enfants conçus par voie natu­relle. Et c’est sans comp­ter les études qui seront pos­sibles lorsque ces enfants seront deve­nus adultes.

Un champ peu exploré

Mais au fait, pourquoi si peu d’études sur les risques de la pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée? Selon le Pro­fes­seur Urs Scher­rer, « les énormes inté­rêts finan­ciers liés à la LPMA, l’apparente bonne santé de la jeune popu­la­tion LPMA, et les consi­dé­ra­tions liées au poli­tique­ment cor­rect, pour n’en citer que quelques uns, peuvent jouer un rôle » (1). L’avenir nous le dira, mais des études comme celles de cette équipe sont fon­da­men­tales pour que nous puis­sions avoir la vision d’ensemble du sujet. Et si ces avan­cées médi­cales n’étaient pas que posi­tives?

Rien qu’un petit pré­lè­ve­ment ?

A ce stade, la méde­cine ne connaît pas les risques liés au pré­lè­ve­ment de cel­lules lors du diag­nos­tic pré­im­plan­ta­toire. Un DPI effec­tué au 3ème jour de fécon­da­tion néces­site de pré­le­ver une, voire deux cel­lules à l’embryon, ce qui signi­fie qu’on lui retire 1/8ème voire ¼ de sa sub­stance ! Loin d’être un pré­lè­ve­ment ano­din, le DPI est donc reconnu pour être une méthode inva­sive (2). Les spé­cia­listes pré­viennent qu’il fau­dra plu­sieurs décen­nies ou géné­ra­tions pour connaître les résul­tats à long terme du diag­nos­tic pré­im­plan­ta­toire, non seule­ment sur la pre­mière géné­ra­tion, mais encore sur les géné­ra­tions qui suivent.

Le 5 juin - NON à la LPMA

Cette modi­fi­ca­tion de la loi sur la pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée va trop loin. Nous n’en savons pas encore assez sur les risques des fécon­da­tions in-vitro et des diag­nos­tics pré­im­plan­ta­toire. Et c’est sans par­ler des pro­blèmes éthiques qui émergent, lorsque l’on pense aux embryons sur­nu­mé­raires conge­lés et envoyés aux grandes boîtes phar­ma­ceu­tiques ou aux parents qui seront de plus en plus ten­tés d’avoir recours à la fécon­da­tion in vitro s’il s’agit de s’assurer d’avoir un beau bébé en bonne santé. « Il y a de sérieuses craintes face aux conséquences graves qui pour­raient décou­ler de l’admission du DPI. » (3)

 

 

Sources:

(1): Article du Prof. Urs SCHER­RER et al., Euro­pean Heart Jour­nal, 23 avril 2015, p. 6.

(2): Rap­port du Comité direc­teur de bioé­thique du Conseil de l’Europe (CDBI) du 20 octobre 2011, p. 18.

(3): Rap­port du Conseil fédé­ral du 7 juin 2013, FF 2013, p. 5254.